La rédaction de comptes rendus, ubérisation avant l’heure ?

Rédacteur de compte rendu, saviez-vous que vous aviez été ubérisé… il y a plus de 20 ans ?

Le secteur de la rédaction professionnelle de comptes rendus a longtemps présenté un visage innovant : spécialisation dans le traitement externalisé d’une tâche, affectation de rédacteurs compétents dans des délais très courts pour répondre à une demande d’un client, emploi de salariés, mais également d’indépendants, télétravail, transmission numérique de documents… L’ubérisation aurait-elle déjà eu lieu ?

A l’heure où l’ubérisation est devenue le terme à la mode, revenons sur cette notion et sur le fonctionnement du secteur de la rédaction.

Qu’est-ce qu’un rédacteur de comptes rendus ?

L’ubérisation, c’est quoi ?

Le modèle proposé par Uber est celui d’une plateforme de mise en relation entre utilisateurs et professionnels, à des tarifs défiant toute concurrence du fait de coûts de structure très faibles. Ce modèle s’avère très rentable, grâce aux commissions prélevées sur le paiement perçu par la plateforme et redistribué ensuite au professionnel concerné. A partir de là, on a commencé à mélanger des phénomènes parfois assez différents, pour désigner le bouleversement d’un secteur économique par l’arrivée d’un nouvel acteur de ce type.

Voici quelques caractéristiques retenues par l’article de Wikipédia consacré à l’ubérisation :

  • plateforme numérique de mise en relation entre clients et prestataires ;
  • réactivité maximisée par la mise en relation immédiate du client et du prestataire, par proximité géographique ;
  • paiement du client à la plateforme qui prélève une commission ;
  • paiement du prestataire par la plateforme ;
  • évaluation croisée du service : le client évalue le service reçu et le prestataire évalue le client.

La rédaction, Uber avant Uber ?

Certaines entreprises de rédaction de comptes rendus emploient exclusivement des rédacteurs salariés. Néanmoins, beaucoup s’appuient sur des indépendants, pour leurs compétences spécifiques et la souplesse qu’ils apportent, et ce depuis le début de cette activité dans les années 1990. En effet, selon le secteur géographique ou la période de l’année, voire du mois, les besoins de rédaction ne sont pas les mêmes : les réunions se tiennent plutôt dans les derniers jours du mois ou du trimestre, ce qui concentre les besoins de rédaction en fin de période.

Même si ces sociétés ne se présentent pas comme des plateformes numériques, leur système s’en rapproche :

  • elles mettent en relation des clients et des prestataires ;
  • elles affectent pour la prise de notes le rédacteur le plus proche du site et pour la rédaction le plus compétent dans le domaine d’activité de l’entreprise qui fait appel au service de la société : il s’agit souvent de la même personne ;
  • le client paie la société de rédaction qui rémunère ensuite le rédacteur après prélèvement d’une commission.

Il n’existe pas d’évaluation directe du client par le rédacteur et vice-versa. En revanche, certaines entreprises ont mis en place un système d’évaluation de ses services par les clients et se chargent elles-mêmes d’apprécier le travail de leurs rédacteurs, afin d’assurer une prestation constante à ses commanditaires.

En cela, on peut effectivement estimer que les entreprises de rédaction se présentent comme une économie « Uber » avant l’heure.

Sur le plan social, le secteur de la rédaction ne connaît pas les mêmes difficultés que la société de mise en relation de VTC et de clients qui a donné son nom au phénomène. En effet, contrairement à ce type de plateformes, les sociétés de rédaction n’ont pas détruit de secteur existant. Dès l’origine de cette activité, les entreprises ont fait appel à des indépendants pour des questions de souplesse, comme présenté en introduction.

Cependant, cette flexibilité sert aussi les rédacteurs eux-mêmes qui peuvent ainsi prendre du temps pour développer des passions moins rentables ou des activités novatrices qu’un emploi de 9 heures à 18 heures du lundi au vendredi ne favoriserait pas. Néanmoins, pour les collaborateurs intéressés, certaines entreprises de rédaction n’hésitent pas ensuite à recruter des salariés sur les zones géographiques où l’activité s’est montrée suffisante pour occuper des rédacteurs à temps plein.

Uber avant l’heure dans les années 1990, la rédaction peut-elle franchir la dernière étape pour se présenter comme une plateforme de mise en relation directe d’une entreprise et d’un rédacteur ? Rien ne l’empêche a priori, mais l’ubérisation qui se généralise dans tous les secteurs de l’économie B to C peut-elle s’appliquer au B to B ? L’avenir nous le dira…