Réforme de l’orthographe : révolution ou débat permanent ?

Au-delà de la polémique, quels sont les changements applicables à travers la réforme de l’orthographe ?

Cout, apparaitre, affut, aout, entrainer…

J’ai du mal à écrire ces quelques mots, surtout sans que mon petit doigt ne s’étende pour aller chercher l’accent circonflexe sur mon clavier… Il va falloir que je dise à mes doigts que la graphie de quelque 2400 mots va changer à la rentrée 2016 dans les manuels d’éducation scolaire – entre autres.

Disparition partielle de l’accent circonflexe sur le i et le u : oui, elle n’est que tout de même que partielle, sans quoi ce serait trop simple. Les mots où le circonflexe est conservé parce qu’il apporte une distinction de sens utile sont : les adjectifs masculins singuliers (dû, mûr, sûr, jeûne) et les formes de croitre qui, sans accent, se confondraient avec celles de croire (je croîs, tu croîs, etc.). Le « chapeau » est également conservé dans d’autres cas. Personnellement, je trouve quand même que le mois d’aout n’est plus ce qu’il était, sans son accent !

C’est bien, nos enfants devront se demander un peu moins souvent comment taper un accent circonflexe sur le clavier AZERTY qui est – c’est vrai – d’une extrême complexité. Ça tombe bien, l’État préconise aussi une modification du clavier AZERTY. Y aurait-il un lien ?

Et si on modifiait les claviers AZERTY ?

Arriverons-nous à nous adapter ?

Pensez-vous pouvoir vous adapter à ces changements ? Demain, nous n’écrirons plus « contre-appel » mais « contrappel », « tic-tac » deviendra « tictac », « porte-monnaie » s’écrira « portemonnaie »… Ne vous inquiétez pas, le trait d’union ne disparaît pas pour autant puisqu’on en ajoute là où il n’y en avait pas : deux-cents, trente-et-unième…

En revanche, je pense que certaines nouvelles graphies feront plaisir aux rédacteurs qui se posaient toujours la question du « il faut que je l’accorde ou pas ? ». En effet, « je les ai laissés partir » s’écrira dorénavant « je les ai laissé partir ». Le participe passé de laisser suivi d’un infinitif est désormais invariable, tout comme l’était déjà le participe passé de faire

Si vous voulez voir la liste exhaustive des règles de la nouvelle orthographe, c’est par ici.

Rassurez-vous, conformément à la décision de l’Académie française, aucune des deux graphies, ancienne ou nouvelle version, ne peut être tenue pour fautive. Les relecteurs et autres éditeurs vont avoir du pain sur la planche pour déceler les éventuelles fautes d’orthographe ! Et qu’en est-il de nos correcteurs informatiques ? C’était la parfaite occasion pour créer un label de qualité spécifique aux correcteurs orthographiques intégrant les règles de la nouvelle graphie !

Etant donné qu’il s’agit d’une réforme déjà ancienne, que les anciennes graphies ne seront pas considérées comme fautives et qu’une langue vivante est par définition évolutive, je crois pouvoir conclure qu’il s’agit d’un simple débat et non d’une révolution.  Que l’on se rassure par ailleurs, le français comporte toujours au moins 70 % de cas irréguliers.

Reste finalement la question de l’apprentissage du français, non seulement pour l’Éducation nationale, mais également pour les étrangers. Le français a en effet une réputation, sans doute méritée, de langue difficile, notamment du fait de ses nombreuses exceptions et irrégularités. Si la langue française est appelée à devenir dans quelques années l’une des langues les plus parlées au monde grâce à l’évolution démographique des pays francophones, la compétition face à l’anglais reste d’actualité. Entre préservation des racines et tentatives de simplification, les débats risquent d’être passionnés pour longtemps…