Vivre de l’écriture : le métier de rédacteur des débats

Si elle permet littéralement de vivre de son écriture, la rédaction de comptes rendus de débats, réunions professionnelles ou conférences reste un métier méconnu. Pourtant, celui-ci est au cœur de la vie économique et sociale du pays.

De quoi s’agit-il exactement ?

Le métier de rédacteur de comptes rendus consiste à rédiger pour le compte de tiers des documents efficaces retraçant fidèlement l’essentiel des échanges entre les participants à une réunion professionnelle, quelle que soit sa nature et quel que soit le secteur. Les délais de remise des documents sont généralement assez courts. C’est donc un métier dans lequel il convient d’être organisé et efficace.

La majeure partie de l’activité consiste en la rédaction de synthèses des débats. Si le compte rendu intégral est encore demandé dans certains cas, de nombreuses entreprises optent pour des documents synthétiques, plus rapides à lire et permettant d’accéder plus facilement aux informations les plus importantes.

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Les avantages du métier ?

  • Etre au cœur de la vie économique et sociale: grands et petits acteurs économiques et sociaux, tous secteurs d’activité ;
  • Couvrir une multitude de sujets, découvrir chaque jour de nouveaux domaines;
  • Entretenir des relations à long terme avec des clients ;
  • Remettre la langue française à l’ouvrage: l’expertise du rédacteur ;
  • Etre autonome et bénéficier de souplesse dans l’organisation de son travail: à ma connaissance, tous les prestataires du secteur proposent à leurs salariés ou à leurs collaborateurs indépendants de travailler une grande partie du temps depuis leur domicile. Tant que les délais sont respectés, les horaires sont souvent flexibles. En dehors des déplacements chez les clients, le télétravail permet aussi de moins subir les contraintes de transport.

Les compétences attendues ?

D’un point de vue technique, il faut évidemment disposer d’une très grande maîtrise de la langue française, de l’aisance avec les outils informatiques de base (Pack Office, recherche internet) et une bonne vitesse de frappe.

Sur le plan relationnel et organisationnel, le rédacteur doit être autonome dans l’organisation de son travail et avoir un bon relationnel, car il est amené à travailler pour de nombreux clients.

La compétence essentielle du métier est la capacité de synthèse : assimiler rapidement des informations et les retranscrire en bon ordre.

La capacité à rédiger un document fidèle à la réunion dont il rend compte est le cœur du métier de rédacteur. Le compte rendu doit être aussi juste que facile à lire : si la qualité rédactionnelle est évidemment attendue, le document doit avant tout être irréprochable sur le fond.

La valeur ajoutée du rédacteur de comptes rendus est sa capacité à rédiger un contenu pertinent « tout-terrain »

Le rédacteur doit pouvoir se reposer sur une forte capacité d’adaptation, ainsi que sur une très bonne culture générale. En effet, il intervient très souvent dans des contextes qu’il ne maîtrise pas, ou seulement superficiellement :

  • Les secteurs d’activité sont multiples: chimie, informatique, nouvelles technologies, énergie, banque, assurance, médias, agriculture, environnement, archéologie, patrimoine…
  • Des clients publics comme privés: grands groupes, entreprises de taille moyenne, instituts, ministères, collectivités locales, universités, associations, fédérations…
  • Des commanditaires très différents les uns des autres: conférenciers, directions, instances représentatives du personnel, assemblées générales, etc.
  • Des réunions de tout type: comité d’entreprise (CE), comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), conseils d’administration, groupes de travail, ateliers, conférences, séminaires, dans le cadre de présentations, de réunions d’information, de concertation ou de débat.
  • Des interlocuteurs aux profilsvariés : directeurs ou directrices d’établissement, président(e)s, directeurs ou directrices des ressources humaines, représentants syndicaux, élu(e)s, membres du CE ou du CHSCT, mais aussi administrateurs, responsables financiers, commerciaux, chargé(e)s de projet, DSI, directeurs de business unit, de service, et parfois même, députés, voire ministres, ainsi qu’ouvriers, agriculteurs, sénateurs, techniciens, responsables marketing…
  • De nombreux sujets : dialogue social, stratégie commerciale, résultats financiers, politique d’aménagement, politique culturelle, échanges autour des innovations, concertation autour de programmes de développement…

En associant ces qualités à des efforts et beaucoup de rigueur pour identifier l’essentiel dans un discours, on devient capable d’intervenir partout !

Les contraintes

  • De la rigueur: la rédaction de documents pour le compte d’un tiers ne s’improvise pas, et les exigences sont importantes en matière de qualité, le tout dans des délais contraignants ;
  • Aléas de la prestation de service: il peut y avoir des réunions imprévues ou plus longues que prévu, des problèmes d’organisation du client et des demandes de ce dernier parfois difficiles à satisfaire : délais très courts, conditions d’intervention difficiles, etc.
  • Une bonne organisation personnelle: travailler en prestation et en grande partie depuis son domicile présente l’avantage de pouvoir aménager son emploi du temps en fonction de sa vie personnelle. En revanche, si l’on n’est pas discipliné, on peut accumuler du retard et réduire les barrières entre vie privée et vie professionnelle. Il faut faire attention à ce que la maison ne devienne pas un bureau permanent.
  • Faire attention à sa vie sociale: une bonne partie du travail de rédacteur est solitaire. Il faut donc faire attention à ne pas s’isoler, surtout si l’on travaille beaucoup depuis son domicile. Il est donc important de ménager des moments pour sa vie privée et ses loisirs. Pendant les horaires de travail, les espaces de coworking peuvent constituer une bonne solution.

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Qui peut devenir rédacteur ?

Au commencement : la passion de l’écrit et des actes de langage

Les rédacteurs professionnels n’ont pas tous un profil littéraire. Issus des Instituts d’études politiques, des grandes écoles et des masters universitaires, ils partagent cependant comme point commun une excellente maîtrise de la langue française et de ses nuances.

En effet, pour rendre compte fidèlement des échanges, il est fondamental de savoir débusquer l’essence d’une expression orale, afin de la restituer avec toute sa force à l’écrit. Il existe à l’oral des « actes de langage », paroles formulées par un locuteur pour agir sur son environnement : si un engagement est pris, si une promesse est faite, le rédacteur doit savoir les mettre en valeur. Ainsi, le rédacteur produit un document faisant figure de preuve des décisions actées au sein de ces rencontres. Ce savoir-faire se travaille sur deux pans : la pratique de l’écrit d’une part, la pratique du terrain d’autre part.

La pratique quotidienne de l’écrit

« C’est en forgeant que l’on devient forgeron. » C’est également en écrivant chaque jour que l’on devient rédacteur. Se frotter quotidiennement à la pratique de l’écriture est un exercice incontournable pour améliorer sa maîtrise de la langue écrite. Ainsi les rédacteurs professionnels ont tous, souvent depuis l’enfance, un rapport singulier à l’écriture. Qu’ils dressent des listes, écrivent des récits, tiennent des blogs, mettent en ordre leurs débats intérieurs par le truchement d’un stylo ou d’un clavier, l’écriture fait pleinement partie de leur vie. Le pendant professionnel de l’écrit n’est qu’un prolongement de ce qui se joue déjà ailleurs, dans d’autres domaines de leur existence.

L’apprentissage sur le terrain

Quelle que soit la formation initiale du rédacteur, le véritable entraînement se situe sur le terrain : réunion après réunion, séance après séance, le métier s’apprend. La multiplicité des domaines d’intervention (relations sociales, sphère publique, rencontres scientifiques et événementielles, grands comptes, monde associatif) permet de rester en alerte et de se former continuellement. Les relations humaines sont la matière première des réunions : jamais identiques, elles trouvent leur résonance dans les synthèses et comptes rendus des débats.

Vivre de sa plume ?

Les rédacteurs professionnels ont pour la plupart exercé d’autres métiers avant d’en venir à l’écriture de comptes rendus : chercheurs, juristes, analystes économiques, chargés de communication, ils ont décidé de migrer vers la rédaction. Ce métier leur permet en effet de se consacrer à plein temps à leur passion de l’écriture, aux premières loges des discussions sociales et économiques des grandes entreprises françaises. S’ils ne produisent pas le contenu, si le style reste plus encadré qu’un écrit littéraire, ils ont cependant tout le loisir de travailler un matériau vivant par la richesse de leurs mots.

En somme, peu importe le parcours universitaire (histoire, philosophie, lettres…), seule la pratique et l’amour de la langue comptent. En effet, rédacteur n’est pas un métier de dilettante : il s’agit de passer des heures par jour devant son écran à rédiger les mots d’autres personnes.