Une inégalité flagrante dans l’équilibre des temps de vie ressort du baromètre sur la conciliation entre vie professionnelle, vie personnelle et vie familiale, publié vendredi 10 juin 2016 par l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et l’Observatoire de la parentalité en entreprise (OPE) (sondage ViaVoice réalisé auprès d’un échantillon de 1002 salariés représentatif des salariés résidant en France métropolitaine).
Le rapport est sans appel : l’équilibre des temps de vie (professionnel, personnel, familial…) n’est pas assez pris en compte. En outre, il apparaît une véritable discrimination selon le sexe, mais aussi la situation familiale et professionnelle.
Un équilibre des temps de vie insuffisamment pris en compte dans nos sociétés
Le premier constat que révèle l’OPE est le suivant : 9 salariés sur 10 considèrent l’équilibre des temps de vie comme un sujet de préoccupation importante et 7 salariés sur 10 déclarent manquer de temps au quotidien. La situation tend à se dégrader, puisque 35 % des salariés estiment incorrect le temps qu’ils consacrent à leur vie professionnelle, soit 4 points de plus qu’en 2015.
Les salariés attendent en priorité des actions qui ne coûtent rien à leur employeur, comme la souplesse, voire l’aménagement, des horaires de travail pour tenir compte des contraintes personnelles et parentales. En outre, ils aimeraient améliorer l’efficacité des réunions et éviter leur organisation tôt le matin ou tard le soir.
Cependant, d’autres mesures attendues par les employés demandent un certain investissement de la part de leur entreprise, comme des mutuelles avantageuses pour les familles, des aides au financement des modes de garde, ou la formation des managers à la prise en compte de l’équilibre des temps. En effet, le premier frein rencontré par les salariés provient généralement directement de leur responsable hiérarchique.
L’équilibre des temps de vie est un enjeu majeur, dans une société où l’hyperconnectivité et les nouvelles technologies réduisent de plus en plus la frontière entre temps de vie personnelle et professionnelle.
Les salariés ne sont pas tous égaux face à la question des temps de vie
Le second constat est que la situation diffère selon le profil des salariés.
Tout d’abord, les salariés sont plus ou moins satisfaits selon la taille de la société dans laquelle ils travaillent. Plus l’entreprise est petite, plus la vie familiale et personnelle des cadres pâtit du stress et de la fatigue générés par la vie professionnelle. Plus l’entreprise est grande, plus les cadres et employés s’estiment satisfaits de l’équilibre des temps. Faut-il y voir là les bienfaits d’une meilleure représentativité dans les grandes entreprises qui défendent les droits de leurs salariés ou des aides apportées par des instances comme le CE ? Ou bien les salariés se sentent-ils paradoxalement moins libres dans une structure professionnelle réduite ?
Ensuite, les parents salariés souffrent davantage du manque de temps que l’ensemble des salariés, surtout quand ils élèvent de jeunes enfants (82 %). Toutes catégories socioprofessionnelles confondues, ils souhaitent que leurs employeurs leur permettent d’adapter leurs horaires de travail en fonction de leurs obligations parentales.
Les salariés qui souffrent le plus sont les mères célibataires, qui ne sont pas satisfaites de la façon dont elles équilibrent leur temps de vie. 80 % des mères affirment manquer de temps, contre 64 % des pères. « Gestion des imprévus, charges domestiques et parentales, les mères ont besoin d’aménager leurs horaires, de télétravailler, et d’aides pour les soutenir (mode de garde, CESU). » Néanmoins, même si les pères subissent moins ces contraintes horaires, ils souhaitent également « que leur rôle soit pris en compte et que leurs responsables soient formés et sensibilisés à la prise en compte de leur vie personnelle ».
Enfin, comme le souligne l’UNAF, « si le fait d’avoir des enfants est souvent connu dans l’entreprise, ce n’est pas le cas pour le salarié aidant familial. » Ce dernier vient en aide à une personne âgée dépendante ou une personne handicapée de son entourage. Cette population souffre le plus du présentéisme exigé par son entreprise et souhaiterait échanger avec leur hiérarchie à ce sujet.
En conclusion…
Nous pouvons retenir de ce baromètre 2016 que plus l’entreprise est petite, plus le salarié souffre d’un certain déséquilibre des temps de vie et que les personnes qui en pâtissent le plus sont les parents, en particulier les mères de famille. Néanmoins, ce n’est pas un combat perdu d’avance, puisque certaines mesures simples et peu coûteuses permettraient d’améliorer la situation d’une part non négligeable des salariés.
Notons cependant que cette amélioration de l’équilibre des temps de vie ne profiterait pas seulement aux salariés, car comme le souligne l’UNAF, « une très large proportion des salariés interrogés indique qu’un meilleur équilibre des temps améliorerait la qualité de vie et la santé au travail (96%), le climat social (96%), leur engagement personnel (95%) et in fine la performance économique de l’entreprise (90%). »
Retrouvez l’intégralité des résultats du baromètre sur le site de l’UNAF.
Et vous, pensez-vous aussi que vous manquez de temps au quotidien, comme 70 % des salariés métropolitains ?