DRH ou patron de PME, vous faites face à une démotivation dans votre entreprise. Elle se ressent à la machine à café, dans votre taux d’absentéisme et dans les entretiens que vous menez au quotidien pour calmer les tensions. Comme 72 % des dirigeants de PME, vous avez entendu parler du chief happiness officer (CHO), ou responsable du bonheur. Mais vous vous interrogez : faut-il éviter l’effet de mode, comme lorsque vous avez refusé d’acheter un hand spinner, ou s’agit-il au contraire d’une solution à une véritable problématique ?
Dans un premier temps, nous verrons en quoi consiste le métier du CHO. Ensuite, nous nous interrogerons sur le bonheur au travail, pour savoir si le responsable du bien-être peut agir dessus. Enfin, nous verrons que, oui, le responsable du bonheur peut être une solution.
Qu’est-ce qu’un chief happiness officer ?
Cette fonction est née il y a 20 ans chez Google – elle s’appelait alors Jolly Good Fellow. Au départ, l’objectif était de ramener de l’humain dans le monde de la technologie qui connaissait un vrai problème de stress.
L’idée à travers la création de ce poste est de se préoccuper du bien-être aujourd’hui, parce que le futur est incertain, pour soi, comme pour l’entreprise.
Le Chief Happiness Officer ou Feel Good Manager est le garant du bien-être au travail. Comme l’explique le Journal du Community Manager :
Nouveau métier né dans la Silicon Valley, là où tout évolue et où tout se réinvente jour après jour, le CHO a pour mission de « rendre heureux » les salariés afin qu’ils soient plus productifs.Les fonctions assurées dans les métiers du digital sont relativement chronophages, et de ce fait elles entraînent des horaires larges pour les salariés et un stress grandissant selon les structures. Le besoin de résultat est omniprésent dans toute entreprise, et la recherche en matière d’innovation s’accélère de plus en plus pour répondre à un univers où les modes de consommation évoluent.
Concrètement, quelles sont ses fonctions ?
Pour améliorer le bonheur au travail, comme l’explique BFM TV, le CHO remplit 5 missions principales :
- améliorer les relations entre les salariés
- anticiper les problèmes et les conflits
- mettre en œuvre une culture de travail positive
- mettre en avant la richesse des individus
- organiser la communication interne en s’appuyant principalement sur le digital.
Pour atteindre ses objectifs, il use de son positivisme à toute épreuve, de son humour, de son énergie et de son écoute. Il collabore avec la DRH et le CEO pour trouver des solutions aux problématiques des salariés.
Ces missions permettent-elles vraiment de créer du bonheur au travail ?
Pour répondre à la question, il convient de nous interroger sur ce qu’est le bonheur au travail. Selon les patrons de PME, le « happiness at work », c’est :
- un bon management
- une bonne ambiance de travail
- une bonne communication interne.
A contrario, les sources d’une mauvaise ambiance de travail sont : à 80 % le management, à 15 % l’esprit des salariés et à 5 % la charge de travail.
Dans cette situation, il revient au CHO d’agir auprès du management pour proposer de meilleures méthodes de travail ou d’organisation, voire des formations. Il peut travailler avec la DRH pour améliorer la communication interne et remonter les attentes des salariés. Il peut trouver de nouvelles organisations de travail avec la Direction pour soulager les charges de travail trop importantes. Enfin, il peut améliorer l’ambiance de travail en mettant en place des animations permettant aux salariés de sortir de leur quotidien professionnel.
Alors, chief hapiness officer, un effet de mode ou une solution qui répond à un vrai besoin ?
A priori, on peut se dire que les fonctions que réalise le CHO existaient déjà auparavant, mais réparties dans différents corps : gestion des relations humaines, communication interne, voire secrétaire de CE pour ce qui relève de l’organisation de moments de convivialité au sein de l’entreprise.
Cependant, regrouper toutes ces fonctions peut faire un sens. Son rôle est bien différent de celui du RH, qui a un côté gestionnaire de l’humain (recrutement, fin de contrat, gestion des congés…) ou de la communication qui redescend les informations de la Direction.
Tout le travail du CHO vise pour sa part au bien-être. Sa position à l’écart l’aide dans ses fonctions : un salarié pourra plus aisément aborder ses difficultés au quotidien avec une personne qui n’a pas de lien de subordination direct avec la direction, mais peut agir sur elle.
Votre société a-t-elle intérêt à améliorer le bien-être de ses employés ?
Oui. Le mal-être et le stress dans nos entreprises génèrent du burn-out, des arrêts maladie, des absences… et au final du turn-over. À lui seul, le stress au travail coûterait 3 Md€ par an selon l’INRS. En sachant que seulement 1 personne sur 5 est vraiment engagée dans son entreprise et qu’un salarié heureux est 2 fois moins malade, 6 fois moins absent, ou encore 9 fois plus loyal, se préoccuper du bien-être paraît capital.
Faut-il être une grande société pour en recruter un ?
Non, peu importe la taille de votre entreprise, vous pouvez en mettre un en place. Dans un premier temps, cette fonction peut être occupée par un salarié en parallèle d’autres tâches. N’attendez pas non plus de connaître des situations de crise pour envisager la création de ce poste : il sera alors trop tard. Il vaut mieux œuvrer le plus tôt possible pour le bien-être de vos salariés… et de votre entreprise !
Conclusion : une solution à un problème
Il ne faut pas succomber à un effet de mode, vous avez raison de vous poser la question. En même temps, quand on sait que le mal-être coûte cher aux entreprises et qu’il concerne 4 personnes sur 5, vous n’avez pas tort de chercher une solution.
Le chief happiness officer est-il la solution ? Il peut l’être. Sa position transversale dans l’entreprise permet aux salariés qui se trouvent dans une mauvaise posture de s’ouvrir plus aisément à lui. Son intitulé et sa fiche de poste clarifient sa fonction.
Pour atteindre son objectif, il faut évidemment que l’entreprise se donne les moyens de son ambition. Il ne s’agit pas d’accroître la charge de travail et d’espérer que l’organisation d’un barbecue permettra de contrebalancer un rythme de travail infernal. Le CHO doit être perçu positivement par ses collègues, pour qu’ils s’ouvrent à lui, et entendu par la hiérarchie, pour mettre en place les actions rectificatives. En effet, même si c’est une personne qui porte ce titre, le bien-être au travail est de la responsabilité de chacun.