Les congés payés fêtent leurs 80 ans en 2016. S’ils sont considérés comme une évidence aujourd’hui, il est bon de se rappeler qu’en leur temps, les congés payés représentaient une véritable révolution.
Vous préparez votre valise pour cet été ? Il y a moins d’un siècle, l’idée de prendre des vacances ne vous aurait peut-être même pas effleuré. La raison est simple, l’idée de vacances pour le plus grand nombre n’avait pas encore fait son chemin.
De longues années ont depuis permis d’aboutir au texte suivant :
Tout salarié, quelle que soit son ancienneté, a droit à des jours de congés payés par son employeur, que son contrat soit à durée indéterminée (CDI) ou à durée déterminée (CDD). La durée des congés varie en fonction des droits acquis. Les départs en congés sont soumis à l’accord de l’employeur. Les jours de congés payés peuvent être pris de manière fractionnée, sous conditions.
80 ans de congés payés, ça se fête, mais comment y est-on parvenu ?
Un peu d’histoire
Les congés payés ont été généralisés en France le 20 juin 1936, après l’élection du Front Populaire. Si la date de 1936 représente le progrès social et l’invention des vacances pour le plus grand nombre, quelques catégories de travailleurs bénéficiaient déjà de congés avant cette date : les premiers congés apparaissent dans un décret impérial du 9 novembre 1853, ouvrant la possibilité aux fonctionnaires de l’Etat de s’absenter 15 jours par an.
Les salariés du métro parisien accèdent à 10 jours de congés en 1900, année d’ouverture de la ligne 1. Pour les salariés des entreprises électriques et des usines à gaz, il faut attendre 1905 et 1906. Enfin, les employés de bureau et de commerce accèdent à une semaine de congés en 1913. La guerre met fin à ces avancées sociales et il faudra attendre quelques années pour que les revendications des travailleurs ouvrent de nouveaux droits.
La victoire du Front Populaire
Les congés payés ne figurent pas au programme du Front Populaire, rédigé en janvier 1936, mais la victoire aux élections législatives du 3 mai de la même année crée un mouvement de revendication plus large. 2 millions de travailleurs participent à des grèves « joyeuses » et des occupations d’usine dans toute la France. Le pays est paralysé et le mouvement entraîne des négociations avec le patronat, sous la tutelle du gouvernement.
Les accords de Matignon
Les accords de Matignon sont signés dans la nuit du 7 au 8 juin 1936, entre la Confédération générale de la production française (patronat), la CGT et l’Etat, sous la présidence du Conseil de Léon Blum. Ils inscrivent dans la loi les dispositions suivantes :
- Généralisation des conventions collectives ;
- Création des délégués du personnel ;
- Augmentation de 12 % des salaires ;
- Semaine de 40 heures de travail ;
- 15 jours de congés payés.
La durée des congés payés augmentera progressivement tout au long de la seconde moitié du XXe siècle (troisième semaine en 1956 et quatrième semaine en 1969) jusqu’à l’instauration de la cinquième semaine de congés payés en 1982, sous le gouvernement de Pierre Mauroy.
Les premières grandes vacances
Le texte de loi définitif est promulgué le 20 juin 1936. L’été de la même année, on assiste à un départ massif de Français en vacances, même si ce n’est souvent que pour quelques jours, et notamment un grand nombre d’ouvriers (et d’ouvrières). Pour le grand chassé-croisé de l’été, il faudra toutefois attendre les années 60, avec le véritable développement du tourisme de masse.
Aussi, ne vous désespérez pas trop des bouchons et savourez bien vos vacances, tout le monde n’a pas toujours pu en profiter !
Vous partez en vacances ? Lisez notre article sur le droit à la déconnexion.